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Dossier | La gestion des foules dans les parcs d'attractions

Les parcs d'attractions sont capables d’accueillir jusqu'à plusieurs dizaines de milliers de visiteurs chaque jour. Ce sont des lieux très fréquentés et denses. Cela constitue un véritable défi pour les parcs, qui se doivent d'être opérationnels et réactifs pour répondre à la demande et à la satisfaction visiteur. Cette satisfaction passe par la vitesse à laquelle les files d'attentes vont avancer, aussi bien dans les attractions, restaurants ou guichets. Ensemble, essayons de comprendre comment toute cette organisation fonctionne, notamment pour les attractions !

Le débit théorique des attractions

Toutes les attractions affichent un débit théorique, c'est à dire la capacité maximale que peut accueillir une aventure en 1 heure. Par exemple, Indiana Jones et le Temple du Péril à Disneyland paris affiche un flux théorique maximal de 1444 visiteurs par heure.

Pégase Express au Parc Astérix peut accueillir jusqu'à 1200 visiteurs chaque heure. Le Silver Star à Europapark quant lui atteint les 1620 personnes.

Il est important de préciser qu'il s'agit du débit maximal possible, et estimé par les constructeurs en cycle optimal : sans passagers, avec le maximum de train possible.

En opération avec les visiteurs, cette capacité maximale n'est généralement pas atteinte, car le rythme théorique n'est pas forcément en adéquation avec le comportement des visiteurs : Le temps de s'installer dans le siège, fermer la barre de sécurité, tout cela représente une perte de temps inévitable, empêchant la pleine exploitation.


Ainsi, en fonction de la fréquentation des parcs, ces derniers vont définir avec les constructeurs une capacité la plus optimisée possible, adaptée à leur situation.

Par exemple, Nigloland, qui a accueilli près de 600 000 visiteurs en 2021, n'aura pas les mêmes besoins capacitaires que le parc Astérix, qui accueille en période normale plus de 2 millions de personnes chaque année, soit 3 à 4 fois plus.


Ainsi, l'attraction principale de Nigloland, Alpina blitz peut accueillir théoriquement jusqu'à 800 visiteurs par heure, contre près de 1600 visiteurs pour l'attraction majeure du parc Astérix, Oziris. Cette différence est ainsi tout à fait normale et ne signifie pas que la gestion des flux est moins bonne à Nigloland, au contraire... Elle est optimisée !


Comment optimiser au mieux la capacité d'une attraction ?


1. Deux gares d'embarquement :

Disneyland est le champion en la matière ! Quoi de mieux que d'améliorer la capacité en construisant deux gares/quais d'embarquement pour une seule et unique attraction ? C'est le cas sur Big Thunder Mountain, Hyperspace Mountain ou encore sur Ratatouille.

En chiffre, Big Thunder Mountain avec un débit théorique de 2400 personnes, accueille en réalité 1800 visiteurs par heure lorsqu'il fonctionne avec ses 5 trains sur le parcours.

Une capacité impressionnante, qui est donc permise grâce aux 2 quais.

Ce sont ainsi 30 personnes qui sont envoyées toutes les minutes dans cette randonnée la plus dingue de l'Ouest.


Mais alors, comment cette alternance entre deux gares fonctionne-t-elle ? Car après tout, il y a 2 gares certes, mais seulement 1 seul, et même circuit ! Pour que deux gares puissent fonctionner sur un seul coaster, la solution est le "Track Switch". C'est un rail pivotant, qui à chaque passage d'un train, change de côté, de manière à répartir les trains entre les deux gares. C'est un système ingénieux, ancien, mais qui fonctionne toujours à la perfection aujourd'hui.

Voici une vidéo où vous pouvez apercevoir le basculement des rails et ainsi mieux comprendre le mécanisme, ici sur l'attraction Big Thunder Mountain :


2. Un quai d'embarquement et de débarquement :

Ici, le concept est simple, il y a un seul quai d'embarquement comme la majorité des attractions possèdent. La différence a lieu à la fin de l'attraction au moment de débarquer. Vous sortirez de l'attraction à un endroit différent de celui par lequel vous vous êtes installés dans le train. Ce quai de débarquement est placé à quelques mètres du quai d'embarquement et permet de gagner en fluidité. Ce système existe également sur Taron à Phantasialand ou Rock'n'Roller Coaster des Walt Disney Studios (fermé).

Les passagers sont prêts à embarquer dès que le train arrive sur le quai. Les visiteurs précédents sont sortis au préalable, et les harnais sont déjà ouverts (faisant gagner de précieuses secondes entre chaque départ !). On observe les trains arriver à vide et harnais ouverts dans la vidéo ci-dessous entre 4 min05 et 4min 25 :


3. La capacité continue et sans arrêts

Plusieurs attractions sont conçues pour ne jamais s'arrêter, y compris sur le quai d'embarquement. Avant de prendre un exemple plus précis, on peut évoquer de nombreuses attractions de type Dark ride (parcours scénique dans le noir), ou les véhicules ne s'arrêtent pas : Phantom Manor, Buzz Lightyear Lazer Blast, ou encore dans Carnaval Festival à Efteling aux Pays-Bas :

Ce système existe également chez les coasters : Sur Crush's coaster, ou encore sur Rip Ride Rockit à Universal Studios Orlando en Floride. Voici le fonctionnement en vidéo :

Ce système permet une nouvelle fois d'assurer une meilleure fluidité, avec un embarquement et débarquement des visiteurs en continu et de manière linéaire.

Évidemment, en cas de problème, comme un visiteur qui mettrait trop de temps à embarquer, le rythme peut être réduit, voire arrêté, puis reprendre lorsque la situation le permet.


4. Les sections block/zones de contrôles/break zone

On évoquait tout à l'heure le cas de Big Thunder Mountain, qui peut engager jusqu'à 5 trains. Mais évidemment, cela est possible uniquement grâce aux zones de contrôles. En quoi consistent-elles ? Il s'agit d'endroits prédéfinis sur un circuit de montagnes russes, ou les trains peuvent être arrêtés et immobilisés par sécurité en cas de moindre anomalie détectée.

Sur le schéma ci-dessus, confectionné par nos soins avec précision et volupté ( 😅) est représenté un circuit de montagnes russes. Il faut de l'imagination, mais vous aller y arriver. En jaune, la gare, en rouge, la montée, appelée "lift", le circuit en bleu représente la zone dans laquelle le train va circuler, sans possibilité d'être stoppé 🛑. En vert, une section block, dans laquelle le train sera arrêté en cas de problème, et si la zone de devant est occupée par un autre train. En violet, la zone block finale, juste avant le retour du train en gare.

Ainsi, puisque les sections block permettent d'immobiliser les trains en cas de problème, 4 zones sont alors capables sur ce schéma d'arrêter un train.

Imaginons que 2 trains 🚂 circulent sur le parcours, l'un s'arrête sur la zone en violet, pour une raison technique. Le second train lui est par sécurité, séparé d'une zone de section block du train précédent. Ainsi, le second train viendra s'immobiliser dans la zone de contrôle verte. Ce dernier restera figé à cet endroit précis, tant que la zone en violette n'est pas libérée.

On vient de voir que cela permettait d'arrêter l'attraction, en évitant une collision entre deux trains, mais en quoi cela permet d'augmenter la capacité ? Tout simplement parce que plusieurs trains pourront circuler en même temps sur le circuit, chacun dans sa zone de sécurité prédéfinie.