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London Resort | Où en est-on du projet pharaonique du Kent ?


Depuis son annonce en 2012, c’est une aventure qui en aura vu de toutes les couleurs. Mais qu'en est-il du projet colossal qui pourrait, ou aurait bien pu devenir un des plus grands parcs d'Europe ?


Pour résumer rapidement l’histoire autour de ce parc, l’ouverture fut d’abord annoncée pour 2019, puis 2024 et enfin 2025 à cause de retards dans le projet. Le resort devait inclure le plus grand parc aquatique d'Europe (idée abandonnée courant 2015), et comporter des cinémas, restaurants et salles de concert. Paramount devant en être un des principaux partenaires avant de se retirer puis enfin de revenir avec d’autres desseins en 2019. Le nom d’origine du parc était d’ailleurs London Paramount Entertainment Resort.



Des chiffres impressionnants

3,5 milliards de livres sterling, 3500 chambres d’hôtel, la superficie de 136 fois le stade de Wembley soit environ 535 hectares (ou 465 selon d'autres sources), 3 fois la superficie d’Alton Towers, 6 lands différents (ou 7 selon certains plans) avec des zones couvertes à 70 % pour pallier au climat local, 27 000 emplois de prévus pour les premières années incluant entre-autre les travaux et le développement, des accès par la route mais également la création d’une gare -17 minutes de Londres en train- et même un accès par bateau via la Tamise, tout était réuni pour faire de London Resort LA destination rêvée !



Et puis bon nombre de détracteurs, notamment écologiques, ont monté des dossiers pour faire abroger la construction du parc. Pierre-Yves Gerbeau, alors directeur de la London Resort Company Holdings de 2019 à 2022, annonce pourtant que le resort sera un modèle écologique car son objectif est d’avoir le rejet carbone le plus réduit possible, des panneaux solaires et tout ce qu’il faut pour être le plus neutre en termes de pollution. Mais le vrai problème n’est pas là.


Un écosystème à protéger

London Resort doit s’étendre sur l’ensemble de la péninsule de Swanscombe, et la zone est classée SSSI depuis 2021, c’est-à-dire Site d’intérêt Scientifique Particulier. En effet, bon nombre d’espèces y vivent : Loutres, spatules, busards, campagnols aquatiques, 1700 espèces d’invertébrés, 82 espèces d’oiseaux et environ 200 espèces considérées comme indispensables pour la région. Il faut aussi parler de la présence de l’Attulus Distinguendus, une araignée sauteuse endémique du nord de l'Europe dont l’espèce est en danger critique d’extinction, ce qui a servi, à juste titre, d’argument majeur aux défenseurs de la faune et de la flore locale.

(Source : Le site des araignées sauteuses et araignées salticides (araignee-sauteuse.fr) Le site des araignées sauteuses et araignées salticides (araignee-sauteuse.fr)


La société a alors retiré sa demande de construction, mais temporairement.

La péninsule telle qu’elle est actuellement est en réalité un ancien site industriel, mais la nature à rapidement repris le dessus sur ce no man’s land. Toutefois, n’étant pas totalement dépollué, il est visiblement difficile pour les biologistes locaux de lui attribuer des labels de défense. London Resort à toutefois proposé un investissement de 150 millions de livres pour améliorer les conditions environnementales du site.


En effet, le projet de London Resort fut présenté comme un NSIP qu’on peut traduire par « Projet d’infrastructure d’importance national » et tant que cette appellation lui sera accolée, il bénéficiera toujours d’un intérêt national, et d’une volonté des entrepreneurs d’investir dans le resort. Ce que Paul Hadawey, directeur de la Kent Wildlife Trust, réprouve : « Nous sommes ravis que la compagnie London Resort ait finalement retiré sa demande, mais la péninsule de Swanscombe n’est pas encore protégée pour autant. Il est incroyable qu’en cette période d’urgence climatique et de crise de la biodiversité, ce site SSSI, ainsi que toute la nature et la faune qu’il abrite, soit toujours menacé. Tant que le statut NSIP n’est pas retiré et que le site n’est pas placé sous la gestion d’organisations environnementales responsables, cette oasis urbaine reste en danger et nous ferons tout notre possible pour la protéger » (source www.kentwildlifetrust.org.uk)


D’ailleurs, une nouvelle demande a été déposée il y a quelques mois par Steve Norris, actuel président de la London Resort Compagny Holdings, pour quelque chose de visiblement plus modeste, mais il est devenu très difficile d’avoir des informations à ce sujet. La page internet du London Resort n’existe plus, et un de nos contacts sur place s’est rendu sur site en mai 2023 et a constaté que, hormis les espèces citées plus haut, il n’y a pas la moindre trace de travaux ni d'ébauche de constructions.


En mars 2023, la compagnie London Resort Company Holdings aurait été déclarée en redressement judiciaire. En avril de la même année, le député Gareth Johnson, qui avait retiré son soutien au projet en 2022, évoquant l'incapacité de la société à s'engager auprès des résidents locaux et l'impact que le complexe aurait sur la circulation et la faune, a déclaré lors d'une interview que le projet était "dead in the water". Cependant, des compagnies affirment toujours leur soutien à la LRCH.


Même s’il est toujours très intéressant d'assister à la construction d'un nouveau parc, que l'intérêt suscité par l'opportunité de rider de nouvelles montagnes russes ou de parcourir de nouveaux dark-rides est galvanisant, l'enjeu écologique et la préservation de la faune et de la flore ne doit pas nous laisser indifférent. Les partisans du "pour" évoquent le fait que le site est déjà pollué et qu'il ne s'agit là que de la réhabilitation d'un emplacement déjà utilisé, sans compter que la neutralité carbone du projet et l'apport économique pour la région seraient sans précédents. Les avis "contre" se basent sur la façon dont la nature a réinvesti le lieu et la protection nécessaire des espèces qui y vivent et s'y développent, la biodiversité unique et l'urgence climatique mondiale que nous subissons.


Aujourd'hui, le projet semble être dans une impasse juridique mais il est fort possible que l'année à venir soit déterminante. Nous vous tiendrons évidemment informé si nous en apprenons plus !





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