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DOSSIER | Pourquoi les attractions tombent en panne dans les parcs ?

Dernière mise à jour : 29 déc. 2023

Les parcs d'attractions ! Ces endroits magiques qui proposent aux plus petits comme aux plus grands des expériences inoubliables. Jusqu'à ce que vous fassiez 60 minutes d'attente pour une attraction et que cette dernière tombe en panne juste avant d'embarquer... C'est très énervant et frustrant, mais... Est-ce forcément de la faute du parc ? À travers cet article, essayons de comprendre pourquoi une attraction tombe en panne, à travers trois exemples.

Des problèmes techniques récurrents : Le cas de Furius Baco à Port Aventura.

Soucis de conception, de montage ou faute dû au constructeur, les pannes peuvent-être dues à la mauvaise réflexion de création d'une attraction.

L'attraction est située à proximité de Barcelone, dans la zone méditerranéenne du parc. Ouverte en 2007, et construite par Intamin, elle atteint les 135 km/h, ce qui en faisait l'attraction la plus rapide d'Europe à son ouverture. Elle est détrônée en 2017 par son grand frère Red Force, présent dans le même complexe, dans le parc d'à côté, Ferrari Land.


Cette vitesse est permise grâce à une propulsion hydraulique, permettant un lancement de 0 à 135km/h en 3,5 secondes. Il s'agit d'un prototype du Wing coaster, la particularité de ce modèle est la suivante : les passagers prennent place de part et d'autre des rails, à gauche et à droite. Aujourd'hui ce modèle d'attraction s'est développé, mais par l'intermédiaire d'un autre constructeur, Bolliger and Mabillard.

Intamin quant à eux, n'auront pas construits beaucoup d'autres Wing coaster (3 au total). Et la raison s'explique certainement par sa fiabilité.

Furius Baco tombe en panne de manière régulière et récurrente. Les interruptions sont nombreuses, et ce même après une dizaine d'années d'exploitation à son actif.


Un petit aparté s'impose... Une panne sur un coaster n'a rien de grave, il s'agit du système de l'attraction, qui décide de se mettre à l'arrêt pour des raisons diverses : un capteur qui fait des siennes ? L'attraction s'arrête. Un léger manque de pression avant de catapulter un train ? L'attraction s'arrête également et cela est parfaitement normal. Néanmoins, la cadence à laquelle ces interruptions surviennent sont par contre plus ou moins dérangeantes. Une panne 1 fois ou 2 dans la semaine ? Ce n'est jamais agréable, mais ça arrive, des pannes tous les jours.. Cela va complètement bouleverser l'exploitation de l'attraction.


Difficile de déterminer les raisons de interruptions intempestives de Furius Baco, l'effet prototype ? La technologie de lancement trop perfectionnée pour l'époque ? Ou bien alors la faute au constructeur en lui-même. En effet, nombreuses sont les machines construites par Intamin qui elles aussi ont une fiabilité mauvaise. On peut évoquer Taron à Phantasialand, ou encore les débuts difficiles de Kondaa à Walibi Belgium. Un constructeur qui a le mérité d'innover, mais qui ne parvient pas à faire fonctionner certaines de ses attractions de manière optimale.


Le problème avec ce constructeur est d'ailleurs bien connu chez les fans mais également chez les parcs. En effet aux États-Unis 🇺🇸, le groupe Cedar fair, qui détient entre autres une dizaine de parcs d'attractions a décidé de ne plus travailler avec Intamin, suite à plusieurs difficultés techniques rencontrées sur plusieurs montagnes russes de ce constructeur.


Quand une attraction s'arrête à cause des visiteurs

Big Thunder Mountain et ses longs arrêts techniques

Big Thunder Mountain 🏔à Disneyland Paris ! Une attraction iconique et très prisée des visiteurs. Néanmoins, sa réputation peut vite se détériorer pour une raison simple, sa tendance à être souvent fermé. Vous allez le voir, ces arrêts prolongés sont en grande partie causés... par nous-mêmes, les visiteurs ! Pour comprendre cela, parlons des caractéristiques techniques de l'attraction.

Ouverte en 1992, et d'une longueur de 1070 mètres, l'attraction dispose de deux quais d'embarquement, de quatre montées (appelées Lift) qui tractent les trains 🚂 tout au long du parcours. Les trains, parlons en ! Ils sont au nombre de 6, mais 5 fonctionnent en même temps sur le parcours. 5 trains de 30 personnes chacun, cela donne une capacité immense, avec un train envoyé en moyenne toutes les minutes.


La cadence est lourde, et le moindre retard lors d'un envoi de train vient complètement paralyser le système. Autrement dit, à Big Thunder Mountain, le fonctionnement est particulier car chronométré. Dans la majorité des attractions, si un train met plus de temps à être envoyé sur le parcours, pour des raisons diverses (les passagers mettent du temps à s'installer par exemple) cela n'a rien de grave. Les trains patientent derrière, en attendant que celui de devant soit envoyé, grâce à un système de zone de sécurités, permettant d'éviter la collision entre les trains.

Puis, le retard est petit à petit rattrapé, et l'attraction continue de fonctionner.

À Big Thunder Mountain, l'attraction dispose également de ces zones de sécurités permettant de s'arrêter en cas de problème, mais une fois arrêtés, si les trains immobilisés dans des break-zones s'accumulent, les trains ne peuvent repartir de leurs pleins gré. Il faut alors immobiliser l'attraction, évacuer les visiteurs, relancer l'attraction, et cela prends en moyenne 1h dans le meilleur des cas.

Pourquoi le fonctionnement est différent sur Big Thunder Mountain ?

La réponse est tout simplement technique. Certaines zones d'arrêts de l'attraction sont dites "acquittables", autrement dit, elles sont conçues pour que le train puisse repartir de lui-même suite à un arrêt 🛑. D'autres zones ne le sont pas, et se bloquent spontanément sans redémarrage direct possible. C'est en fait ce que l'on appelle le "Ride System", c'est-à-dire le système de commande automatique du coaster qui fonctionne ainsi.

Cela fonctionne de cette manière depuis 1992. Pour éviter les pannes, les cast-members y travaillant se doivent d'être méticuleux. Ils envoient les trains à un instant précis, sans retard, sinon, c'est l'arrêt qui se manifeste.

Mais alors, puisque la gestion de la cadence se doit d'être minutieuse, il est donc plus simple de comprendre ces longs arrêts :

Un visiteur qui met quelques secondes en plus à embarquer, ou encore qui se rétracte à faire l'attraction au dernier moment, peut vite faire changer la donne. Ou encore, si un objet tombe sur les voies, comme un téléphone portable, le résultat est identique, le train le plus proche de la zone s'arrête, le retard s'accumule, la situation est bloquée.


L'exemple d'Indiana Jones à Disneyland Paris

Un autre exemple, celui de l'attraction Indiana Jones Et le Temple du Péril. Direction Adventureland ! 🌴Tout comme pour Big Thunder Mountain, l'attraction fonctionne à 5 trains. Néanmoins, elle pourrait fonctionner à 6. Disney a fait le choix de ne pas utiliser ce sixième train, car trop encombrant.

À la fin de l'attraction, plusieurs trains peuvent patienter en sécurité, les uns derrière les autres. 2 sont en gares, 3 attendent derrière. 5 trains peuvent donc être stockés à la fin de l'attraction. L'ajout d'un sixième train, forcerait ce dernier à s'arrêter sur une zone de sécurité sur le parcours en lui-même (photo 2 ci-dessous). Or, cette zone sur le parcours fonctionne de la même manière qu'à Big Thunder Mountain, en cas d'arrêt, le train ne repart pas. Cette zone, n'est donc pas acquittable et nécessite une commande manuelle pour être relancée.

Sur la première image, la zone de freins finale, ou 5 trains peuvent être stockés. Sur la seconde image, la zone de sécurité sur le circuit, qui en cas d'arrêt d'un train sur cette dernière ne peut redémarrer. Avec 5 trains, on peut alors éviter cet arrêt, puisque les trains n'auront pas besoin de s'arrêter dans cette zone, et iront directement sur la zone de freins finale, située quelques dizaines de mètres après.


Pourquoi ne pas enlever un train sur BTM ?

Mais alors, puisque Indiana Jones fonctionne à 5 trains au lieu de 6, pourquoi ne pourrait-on pas enlever un train sur Big Thunder Mountain ? C'est totalement possible, mais ce n'est pas l'option idéale. Passer de 5 à 4 trains ferait perdre en capacité de façon considérable. Une attraction aussi populaire ne peut pas se le permettre. À Indiana Jones, l'attraction est courte, 5 trains au lieu de 6 suffisent largement à suivre la cadence et le flux.

Enfin, pourquoi Disneyland Paris n'entreprend pas des travaux pour rendre les zones qui bloquent, plus autonomes ? Cela amènerait le parc et ses techniciens à réinventer le système technique de l'attraction, avec des études et calculs à la clé. Un investissement coûteux et techniquement difficile à faire pour l'instant.

Il est néanmoins regrettable que rien n'est changé en 30 ans. D'autant plus que l'attraction a subit une rénovation majeure en 2016. On espère qu'à l'avenir, le parc prendra les mesures et les aménagements nécessaires pour faire face à ce problème. Actuellement, le système technique n'est visiblement pas compatible avec le comportement des visiteurs, adapter le system ride en conséquence serait le bienvenu !


La folie des grandeurs à Universal Studios Orlando

Direction la côte Est des États-Unis, et plus précisément du côté d'Orlando, en Floride. Là-bas, une multitude de parcs à thèmes se livrent une concurrence sans merci : Walt Disney World, Busch Gardens Tampa ou encore Universal Studios Orlando.

Dans ce dernier, a ouvert en 2019 une attraction nommée "Hagrid's magical creatures mortobike adventure". Elle est située dans le second parc du complexe, Island Of Adventure.

Il s'agit d'un roller coaster familial, très aboutie techniquement et technologiquement.


Si l'attraction est familiale, et donc accessible à un large public, elle est néanmoins impressionnante dans sa globalité : 300 millions de dollars d'investissement, ce qui en fait le roller coaster le plus cher du monde. Mais aussi 1500 mètres de longueur, et surtout... 7 zones de propulsions, des parties en avant, en arrière, et même une chute libre ! Le tout en mélangeant des parties coaster, et des parties Dark ride (endroits sombres, thématisés avec des animatroniques et des décors perfectionnées en intérieur). L'attraction est gigantesque et est présente dans une zone très espacée.

La capacité de l'attraction est également impressionnante, jusqu'à 1700 personnes par heure, grâce à... Accrochez-vous bien, 12 trains sur le parcours ! Chacun composé de 14 places. Un train peut être envoyé toutes les 30 secondes environ. En 1h, selon la vidéo ci-dessous, ce sont 132 trains qui peuvent être envoyés !

Oui, mais voilà, l'attraction n'a jamais véritablement pu fonctionner avec ses 12 trains sur le parcours.

Mise en contexte : Nous sommes le 13 juin 2019, l'attraction ouvre officiellement ses portes. Plusieurs dizaines de milliers de visiteurs viennent pour tester l'attraction. Le temps d'attente atteint plusieurs heures. L'attraction enchaîne les interruptions techniques, augmentant encore davantage le temps d'attente. Les interruptions sont très nombreuses et se répètent.

Vous pouvez admirer l'impressionnante file d'attente lors de l'ouverture. Dans cette vidéo, 9h30 d'attente ont été nécessaires pour faire l'attraction.

L'attraction devient alors le souffre douleur pour tout le monde : à la fois pour les visiteurs, pour les équipes de la maintenance, mais aussi pour le constructeur de l'attraction... Intamin ! Encore eux.

Les premières semaines sont difficiles, le parc est contraint de communiquer et d'agir :

Pendant un certain temps, l'attraction ouvrira à la mi-journée, pour laisser les équipes de maintenances s'occuper au mieux du problème. Néanmoins, le parc ne donnera jamais d'explications sur les causes des pannes répétées du coaster.

Les fans sont pour beaucoup déçus, ne pouvant pas tous monter dans ce nouveau bijou de technologie.

Pour se rendre compte des difficultés opérationnelles de cette aventure, prenons le tableau ci-dessous, que nous commenterons juste après. Sachez qu'il montre le pourcentage d'ouverture et de disponibilité de l'attraction au cours de ses premiers mois d'ouverture. Il provient du site https://touringplans.com/.

Le constat est sans appel, l'attraction fonctionne en moyenne la moitié du temps. En schématisant, lorsque l'attraction fonctionne pendant 1h, celle-ci ferme pendant l'heure suivante, et ainsi de suite. Autant d'heures d'ouvertures que d'interruptions techniques, le problème est frappant.

Cette fois-ci sous la forme d'un graphique, le site compare la disponibilité de l'attraction avec les autres attractions phares du parc, Hagrid est en rouge, les autres attractions du parc en jaune, vert et violet :

Hagrid's est une nouvelle fois dans le rouge. Mais désormais, plusieurs années après son ouverture, quand est-il de la fiabilité de l'attraction ? À l'heure actuelle, cela va mieux pour Hagrid's, l'attraction s'est lentement fiabilisée, mais reste l'une des attractions qui connaît le plus d'interruptions techniques du parc.

Pour conclure, que penser de tout ça ? On notera une attraction extrêmement poussée, à la fois techniquement, technologiquement, mais aussi dans son scénario et sa manière de fonctionner. La volonté de surprendre le public, de proposer une aventure toujours plus riche a poussée les équipes du parc à se surpasser.

Mais cela montre bien des limites : la difficulté à faire fonctionner de façon pérenne et fluide les véhicules.

Une nouvelle fois, le constructeur Intamin n'a pas su correctement régler la machine dès le départ, et ce n'est pas la première fois. Il n'y a qu'à voir le cas de Furius Baco ou de Kondaa.


Enfin, on peut évoquer la course contre la montre que le parc s'est lui-même dictée. En effet, plusieurs semaines auparavant, le parc annonçait la date d'ouverture de l'attraction pour le 13 juin 2019. À partir de là, plus de retours en arrière possible pour le parc, la presse et les médias s'emparent de l'info tant attendue : l'attraction ouvrira à cette date-là, quoi qu'il en coûte. Le parc s'est-il empressé d'annoncer une date d'ouverture trop vite ? Aurait-il été plus judicieux d'ouvrir l'attraction plus tard ? Probablement.

Enfin, le parc aurait pu proposer davantage de "Soft Opening", autrement dit des ouvertures douces, ou il s'agit de tester l'attraction en condition réelle, avec des visiteurs, sans l'ouvrir officiellement. Des tests au préalable, qu'il aurait été nécessaire de faire sur cette attraction, comme c'était le cas en 2020 sur Fly à Phantasialand, qui a ouvert en soft opening pendant de longues semaines, avant son ouverture officielle en 2021.


Récapitulons !

Vous l'aurez compris, lorsqu'une attraction tombe en panne, cela cache derrière quelque chose de plus complexe. Les pannes peuvent donc être causées par les visiteurs, par le constructeur de l'attraction en lui-même, ou encore par une ouverture précipitée d'une attraction, qui n'est pas encore correctement réglée. Il existe bien évidemment d'autres raisons, comme les conditions météorologiques, qui peuvent expliquer la fermeture des attractions en cas d'intempéries et d'orages...


Découvrez notre dossier lié lui à la Gestion des flux dans les parcs d'attractions !


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